Koléa a été érigée en paroisse dès 1848. Le culte a été célébré jusqu’en 1872 dans une église provisoire dont nous n’avons pas retrouvé l’emplacement. Construite sur une esplanade appelée place de l’église, l’église catholique Saint-Simon et Saint-Jude est consacrée en 1872 par l’archevêque d’Alger, Monseigneur LAVIGERIE. Le terrain ayant été cédé par l’Etat par acte administratif du 18 novembre 1869, la construction de l’église commencée aussitôt dura près de trois ans.
L’édifice cruciforme, bien proportionné, est éclairé par de beaux vitraux classiques avec un clocher carré orné de chaque côté par un grand cadran horaire, ce qui permet de voir l’heure de toute part. Pour finir, un toit pointu à quatre pentes avec une croix ornementée. En raison de la déclivité de la ville, l’arrière est de niveau sur la rue d’Oran, tandis que la façade surplombe d’un étage la rue Lamoricière. L’accès se fait par un large escalier interrompu à deux reprises par un grand palier, ce qui confère à l’ensemble une certaine majesté.
L’intérieur est joli, mais sans être tapageur. Tout autour du chœur est peint d’une façon admirable un rideau grenat à fleurs de lys or ; on à peine à croire qu’il s’agit d’une peinture. C’est l’œuvre réalisée en 1931 par un peintre Allemand connu sous le nom de Rodolphe qui, la même année, a décoré l’intérieur de la salle des fêtes.
Au fond de l’abside, côte à côte, les statues de Saint-Simon et Saint-Jude, portant le bâton et la scie, instruments de leur supplice commun, offertes par la famille Vidal en 1872. A l’entrée du chœur, Saint-Vincent de-Paul, à gauche, fait face au curé d’Ars, don du docteur DESARBRES. Dans le transept, à gauche l’autel de la Vierge, à droite celui de Saint-Joseph. Près de l’autel de la Vierge, la chaire côtoie Sainte-Thérése de l’Enfant Jésus avec son bouquet de roses. En face, de l’autre côté de la nef, Saint-Jeanne d’Arc en armure et la stèle des paroissiens morts pour la France.
Comme dans beaucoup d’églises, des ex-voto tapissent la nef et le transept. Au-dessus de l’entrée, l’emplacement de la chorale et de l’harmonium tenu par l’infatigable et dévoué sacristain, Eugène GIROD, qui s’occupait de tout. Le baptistère est placé à gauche en entrant, tandis qu’à l’opposé part l’escalier conduisant à l’harmonium et à la chorale. La quasi-totalité de la population européenne étant catholique, l’église tenait une part importante dans la vie de la cité. Ouverte toute la journée, sans aucun surveillance, elle ne fut jamais profanée.
Le deuxième chemin de croix a été offert en 1931 par Madame ALCARAZ.
Ont été curés de Koléa, notamment :
L’abbé PERRET en 1843 ;
L’abbé ANGELVY en 1844 ;
L’abbé VILLE et un vicaire, l’abbé FAISANT en 1863 ;
L’abbé LECORCHET en 1876 ;
L’abbé SABLIER ;
L’abbé GUYOT jusqu’en 1938 ;
L’abbé PREUVOT de 1938 à 1962.
Notre église a été entièrement démolie en 1983 pour faire place à une mosquée, mais son souvenir demeure à jamais gravé dans nos cœurs.
On ne peut parler de l’église sans évoquer le dévoué sacristain qu’on appelait familièrement « le père Girod ».
Eugène GIROD, personnage à barbichette blanche, hors du commun, portant continuellement cape et calot sombres, exerçait la profession d’assureur, mais il était avant tout le serviteur de Dieu et de l’église. Sacristain, organiste, catéchiste, directeur de chorale, artiste-peintre, compositeur et professeur de musique, sonneur de cloches. Il arrivait à l’église avant l’Angélus du matin pour n’en repartir qu’après celui du soir. Je me suis toujours demandé quand il prenait le temps de manger et d’exercer sa profession.
En dehors de ses nombreuses activités à l’église et des longs moments passés en prières, agenouillé à même le sol, le père Girod allait d’un pas pressé dans les rues de la ville, distribuer aux paroissiens « Le Pèlerin » et apporter la bonne parole. Petit et menu, un souffle de vent eut pu l’emporter. Il paraissait déjà faire partie d’un monde où la vue de Dieu suffisait à le nourrir.
Les enfants venaient à sa rencontre, ravis d’avance des merveilleuses histoires qu’il allait leur raconter. Malgré son âge, le père Girod conservait une fraîcheur extraordinaire. Notre sacristain possédait une vieille auto dans laquelle il transportait les enfants des villages environnants pour qu’ils assistent au catéchisme et à la messe du dimanche. Il expliquait l’histoire sainte et le sacrifice de la messe avec la ferveur de sa foi. Sans doute connaît-il auprès de Dieu, pour l’éternité, un paradis plein d’enfants.
Albert PORCEL
(Extrait de son livre « Il était une fois Koléa »)
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