kolea-bone.fr - Le rendez-vous des Anciens de Koléa et de Bône en Algérie

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Poèmes de Camille BONNEFOY

GRAND PERE POURQUOI ES-TU PARTI ?

Je ne l’ai pas connu, mais aux veillées le soir, assis dans le jardin, sous la voûte des étoiles, son fils, mon père, raconte :

« Il est né dans la haute Provence,
au pays de Giono et celui de Pagnol.
Il est né de cette région aride,
la nature y est rude, la survie difficile
les villages se vident, les champs sont délaissés.
Il est parti en sifflant son espoir.
Sur le port de Marseille, les Provençaux sont là,
préparés comme lui, à quitter la patrie.
Certains rêvent d’Amérique, lui c’est de l’Algérie.
Avait-il d’autres choix ?
Au pays des oranges, après bien des déboires,
il fonde sa famille, il a beaucoup d’enfants.
Il façonne le fer, et chausse les chevaux
sous la poussière mordante, du vent, le sirocco.
D’un labeur sans relâche il construit une maison. »

C’est là que je suis née,
dans le lit de grand père, dans le lit de mon père.
Mais, l’histoire se répète, car j’ai pris le bateau.
Ceux qui veulent la vie prennent parfois le large.
Ont-ils d’autres choix ?
Oh ! frontières, oh ! promesses, oh ! mirages.
C’est bien de votre faute si nous sommes de nulle part.
De ce voyage lointain
j’ai gardé, dans mon cœur, le partage et l’amour.
Mon héritage ne se monnaye pas.
Je suis riche d’avoir nourri mon âme.
Les différences m’ont agrandie.
Merci grand père d’être parti.


Camille BONNEFOY
22/07/2003


LA TRINITÉ TERRE D’ACCUEIL

Toi le déraciné
Voyageur volontaire ou simple réfugié
Si ton cœur trop lourd de tristesse embrasée
Comme l’était le mien avant de me poser
Te brûle la poitrine d’un feu inextinguible

Toi l’étranger
Exilé de ta terre, errant sur les chemins
Si ton âme blessée par la haine des crétins
Comme l’était la mienne avant d’être accueillie
Te torture l’esprit et l’écrase en bouillie

Toi l’immigré
Né hors de la patrie, survivant dans l’oubli
Si ton corps fatigué du poids de tes bagages
Comme l’était le mien avant de prendre ancrage
Te courbe sur la route d’une vive souffrance

Viens
Délaisse les grandes villes
La foule indifférente, arrogante et débile
Fuis cette déferlante, fuis les sombres trottoirs
La misère humaine insupportable à voir

Toi, le déraciné, l’étranger, l’immigré, viens !


Camille Bonnefoy
18/07/2003


Le jasmin de Koléa

Depuis quelque décennies
Dès lors qu’on me l’a remis
Dans le jardin pousse un jasmin
Dans le jardin pousse le jasmin

C’est le jasmin de Koléa

Son voyage fut périlleux
Par des douaniers trop pointilleux
Il a failli m’être enlevé
En pleurs je me suis écriée

C’est le jasmin de Koléa

Oh non ! ne le prenez pas
Oh non ! ne le brûlez pas
Ecoutez le il est vivant
Ecoutez moi car je l’entends

C’est le jasmin de Koléa

Nous avons bu la même eau
La même terre fut notre berceau
C’est le reflet de mon enfance
C’est une gerbe d’espérance

C’est le jasmin de Koléa

Il est soigné, il est discret
Il ne s’impose qu’au mois de mai
Les douaniers compatissants
M’ont permis d’aller de l’avant

Depuis, toutes les années
Dans le jardin au mois de mai
Pousse le jasmin
Le beau jasmin de Koléa


Camille BONNEFOY
samedi 8 février 2003

 

 

Août 1981, aéroport de Nice.
De mon voyage en Algérie je rapporte un jasmin que des amis m’ont offert.
Problème, les services de la douane et de l’hygiène n’en veulent pas.


A Mohamed et Nassou

A nos morts lointains, poème de Annie BERLINGEN

Oeuvres de Bernard PINAUT

MEDITERRANEUS



Mer au milieu des terres
Mer terres des passages
Heurts harmonies des rencontres
Mediterraneus douce cruelle
Toujours objet de nos désirs
Nous laisseras-tu des rêves amers?

Bernard

Oeuvre du peintre GIRAUD, artiste et sacristain à Koléa

Le lavoir

Une oeuvre de Pierre ROUGE

Le lavoir

Poème de M. DOUMA

Je dédie ce poème à tous les Koléatiens qui sont restés par la force des choses, longtemps loin de KOLÉA.

KOLÉA, MA VILLE NATALE

Koléa, toi qui brille dans mon coeur.
Oh! combien tu me manques,
Longtemps, je me suis éloigné de toi.
Encourage moi maintenant pour le retour.
As-tu oublié que je suis ton fils ?
Me reconnaîtras-tu maintenant que j'ai les cheveux blancs ?
Avant, je jouais sur la place de la mairie.
Vas-tu me pardonner cette absence forcée ?
Iras-tu m'attendre à l'entrée de ta ville ?
Les souvenirs sont toujours là dans mon coeur.
Les bons souvenirs sont restés chez toi.
Et penses tu que mes larmes sècheront un jour ?
Nous sommes toujours loin l'un de l'autre.
A jamais, je ne t'oublierais.
Tu resteras ma joie et ma tristesse.
A jamais, tu ne m'oublieras.
Les liens sont sacrés entre nous deux.
Et je resterais toujours ton fils malgré tout.

M. DOUMA (14 juillet 2006)

Poème transmis par Edmée O.

Je suis née d'une branche de palmier et d'olivier


Au pays où les fontaines ont des secrets.
Du haut de cette montagne aux chemins escarpés
On pouvait respirer la plaine et ses orangers
Comment puis-je oublier cette terre féconde
Et ses longues journées d'été
Ce paradis perdu, pleuré à tout jamais
Comment dire à ceux qui l'ont aimé
A quel point je souffre d'en être séparée
Terre natale, berceau chéri de mes ancêtres
Tu te retournes en moi comme un enfant
Qui n'a jamais cessé d'exister.
Reste là...ne bouge pas...tu fais partie de moi
Telle cette branche de palmier mariée à l'olivier

(Georgette M. Chaïba)

Poème de Josette BAROLDI

Mon amie d'Afrique, enfance perdue

j ai perdu mon amie d'Afrique
j ai perdu ma fraîcheur d'enfance
tu t'es endormie une nuit d'été
pour ne plus jamais t'éveiller
tu as fermé les yeux la peine au coeur
tu n as jamais trouvé le bonheur
seule sans bruit tu t'en es allée
tu seras à jamais mon amie ma soeur.
viens parfois me parler
mon amie envolée, dis-moi si c'est beau où tu es,
pas adieu, au revoir, souris-moi de là où tu es,
donne-moi la main mon amie d'Afrique
ensemble dans les vagues nous irons danser.


hommage à jeanine Weiss

Poème de René BONNEL

Septembre 1949, Koléa,
mes premiers pas au 4 rue de la République.

La mémoire du sol



Et puis voilà qu'il se lance,
Un pied, un autre, il découvre qu'il avance.

Tout est venu d'une caresse, hésitante.
Du bout du pied il a touché le sol,
Une chaleur est montée, rassurante.

Alors voilà qu'il se lance,
D'un toucher hésitant il découvre qu'il avance.

L'enfant n'a pas choisi où poser ses deux pieds,
C'est la terre d'Algérie qui sous lui s'est glissée.
Lui n'a rien convoité, n'a rien pris à personne.
L'histoire l'a posé là et il croit qu'elle est bonne.

Bonne aussi est la terre qui apprend l'équilibre,
C'est un peu comme une mère qui retient quand il tombe.
Il ne sait pas encore, dans l'ivresse de ses fibres,
Que les mères disparaissent, que le bonheur retombe.

Dans ses rêves il revient en terre de Koléa,
Un pied, puis l'autre, il se souvient du sol
Qui lui apprit un jour et bien mieux qu'une parole
Qu'avec la volonté on revient sur ses pas.

Dans ses rêves il revient en terre de Koléa,
Il voit au loin une mère qui lui ouvre les bras.
Alors les larmes aux yeux il se souvient de ça :
Qu'avec beaucoup d'Amour on revient sur ses pas.

René BONNEL